Les études préhistoriques des industries ibéromaurusiennes ont été longtemps structurées autour de la prééminence de l'analyse typologique de ces industries en relation avec la constitution des collections. Avec l'avènement de la technologie lithique qui va lancer le mouvement devant aboutir à ce que l'on a coutume d'appeler le concept de la « chaîne opératoire », l'Ibéromaurusien sort de sa sclérose imposée par le foisonnement originel hérité de la lecture typologique. Les recherches actuelles tendent plutôt à croiser différentes approches telles que l'archéologie expérimentale et fonctionnelle, ainsi que la mise en parallèle de la variabilité des armatures avec les changements écologiques et économiques dans le but d'alimenter les modèles d'évolution des sociétés préhistoriques. Dans cette optique, cette communication aborde l'impact des changements environnementaux sur l'apparition et l'expansion de la microlithisation au Maghreb durant le Pléistocène final en présentant deux cas de figure : l'abri de Tamar Hat et la grotte Rassel. Ce sont des sites côtiers datant du Pléistocène final et qui ont servi, parmi d'autres, à alimenter le paradigme de l'Ibéromaurusien. L'ensemble de la production lithique récolté et tamisé, a rendu possible l'analyse des chaînes opératoires de la production lithique. En outre, les publications récentes sur l'abri de Tamar Hat apportent de nouvelles données contextuelles d'ordre paléoenvironnemental, archéozoologique et comportemental, enrichissant considérablement la connaissance des populations de l'Ibéromaurusien ancien. La confrontation des structures économiques des techno-complexes présentés dans cette communication avec celles des changements paléoclimatiques et paléoenvironnementaux a permis de distinguer la présence de réponses adaptatives divergentes en rapport avec la dynamique des crises paléoclimatiques qu'auraient connues les populations humaines au cours du Pléistocène final